Nvidia, déjà au sommet de la hiérarchie mondiale des semi-conducteurs grâce à la ruée vers l’intelligence artificielle, vient de publier des résultats financiers impressionnants pour le deuxième trimestre 2025.
Derrière ce succès chiffré, un détail attire particulièrement l’attention : deux clients non identifiés représentent à eux seuls 39 % du chiffre d’affaires trimestriel, soit une dépendance inhabituelle pour une entreprise de cette envergure.
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Une croissance explosive tirée par l’IA
Lors du trimestre clos le 27 juillet, Nvidia a annoncé 46,7 milliards de dollars de revenus, en hausse de 56 % sur un an. Cette croissance fulgurante s’explique principalement par la demande exponentielle en GPU pour les centres de données dédiés à l’IA. Sur cette somme, 41,1 milliards proviennent uniquement des ventes liées aux data centers, confirmant que l’IA est devenue le moteur central du chiffre d’affaires du groupe.
Les processeurs de dernière génération, baptisés Blackwell, se sont particulièrement distingués, représentant 27 milliards de dollars de ventes. Comme l’a souligné Jensen Huang, le PDG de Nvidia, « l’IA est devenue la nouvelle infrastructure du XXIe siècle, et Blackwell est au cœur de cette transformation ».
Des clients-clés… mais anonymes
Selon un document déposé auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission), un premier client a représenté 23 % des ventes du trimestre, tandis qu’un second a contribué à 16 % supplémentaires. Ces deux clients, désignés sous les noms anonymisés de « Customer A » et « Customer B », ne sont pas identifiés publiquement. Nvidia précise cependant qu’il s’agit de clients directs — intégrateurs systèmes, fabricants d’équipements (OEM) ou distributeurs — et non de géants du cloud comme Amazon, Microsoft ou Google, qui achètent souvent via ces intermédiaires.
Malgré cette précision, la concentration d’une part aussi importante du chiffre d’affaires entre les mains de deux partenaires constitue un risque stratégique majeur. Un analyste de Gimme Credit, Dave Novosel, a d’ailleurs rappelé que cette dépendance pourrait fragiliser Nvidia si l’un de ces clients venait à réduire ses achats. Néanmoins, il a tempéré ses propos en soulignant que ces acteurs disposent de trésoreries considérables et sont voués à investir massivement dans les infrastructures IA dans les années à venir.
Un avenir florissant mais sous surveillance
Si cette concentration interroge, elle n’empêche pas Nvidia de viser encore plus haut. La société prévoit 54 milliards de dollars de revenus pour le troisième trimestre, soit une progression continue, et estime que les investissements mondiaux dans l’IA pourraient atteindre entre 3 000 et 4 000 milliards de dollars d’ici 2030.
Cependant, cette dépendance à quelques gros acheteurs rend Nvidia vulnérable à la fois sur le plan commercial et réglementaire. Toute modification des règles américaines sur l’exportation de puces, tout litige avec un client majeur, ou encore l’arrivée d’un concurrent crédible pourrait rebattre les cartes.
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Pour l’heure, Nvidia reste le fournisseur incontournable de l’IA mondiale, mais sa réussite repose en grande partie sur des partenariats encore opaques. Reste à savoir si cette concentration se transformera en force ou en talon d’Achille au fil des prochaines années.