Alors que les méga-accords se multiplient dans le secteur de l’intelligence artificielle, Google Cloud adopte une approche radicalement différente.
Tandis que Nvidia, OpenAI, Microsoft ou Amazon verrouillent l’infrastructure mondiale à coups de milliards, le géant de Mountain View concentre désormais ses efforts sur la prochaine génération de startups émergentes.
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Des concurrents qui s’allient à coups de milliards
Le partenariat à 100 milliards de dollars entre Nvidia et OpenAI illustre la nouvelle échelle des investissements. Microsoft a transformé son engagement initial d’un milliard en près de 14 milliards, Amazon a injecté 8 milliards dans Anthropic, et Oracle a signé un contrat cloud de 30 milliards de dollars avec OpenAI, suivi d’un engagement colossal de 300 milliards sur cinq ans. Même Meta a choisi de collaborer avec Google Cloud malgré ses propres infrastructures internes.
Dans ce contexte, Google semble exclu des grandes alliances. Pourtant, plutôt que de courir après ces géants, l’entreprise parie sur les jeunes pousses qui pourraient devenir les futures licornes de l’IA.
Miser sur la deuxième vague d’IA
Francis deSouza, directeur opérationnel de Google Cloud, met en avant des chiffres révélateurs : neuf des dix plus grands laboratoires d’IA et 60 % des startups d’IA générative utilisent déjà Google. Pour renforcer cet avantage, la société propose aux jeunes entreprises des crédits cloud allant jusqu’à 350 000 dollars, un accompagnement technique et un accès privilégié à sa place de marché.
Cette stratégie vise à capter les licornes de demain avant qu’elles ne deviennent inaccessibles, tout en leur offrant une pile d’IA « sans compromis » couvrant matériel, modèles et applications. Google insiste également sur une approche ouverte, contrastant avec la fermeture de certains concurrents.
Une ouverture calculée et un pari réglementaire
Google revendique depuis longtemps une philosophie d’ouverture, de Kubernetes à la publication du célèbre article « Attention is All You Need ». Plus récemment, il a lancé le protocole open source Agent-to-Agent (A2A), destiné à faciliter la communication entre systèmes d’IA.
Cette posture n’est pas uniquement technique. Elle permet aussi à Google de répondre aux inquiétudes des régulateurs, alors que l’entreprise est régulièrement accusée d’abuser de sa position dominante dans la recherche. En se présentant comme un facilitateur plutôt qu’un contrôleur, Google Cloud tente de démontrer qu’il favorise la concurrence au lieu de l’étouffer.
Un pari risqué mais prometteur
La stratégie n’est pas sans risque : accompagner des startups qui pourraient demain devenir de sérieux concurrents. Mais pour Francis deSouza, c’est un choix assumé. Miser sur la « deuxième vague » d’IA pourrait rapporter davantage que de batailler pour séduire les géants déjà liés à d’autres partenaires.
Reste à savoir si cette approche flexible et ouverte permettra à Google Cloud de s’imposer face aux alliances titanesques qui redessinent déjà le paysage mondial de l’intelligence artificielle.