Meta traverse une nouvelle phase charnière dans sa stratégie autour de l’intelligence artificielle.
Après avoir remanié en profondeur sa division IA, désormais appelée Meta Superintelligence Labs (MSL), l’entreprise de Mark Zuckerberg vient d’annoncer un gel temporaire des embauches. Cette décision, confirmée par un porte-parole auprès du Wall Street Journal, intervient quelques jours seulement après que le groupe a officialisé une réorganisation majeure, scindant ses activités en quatre unités : TBD Labs, dédié aux modèles de fondation comme Llama, et trois autres pôles spécialisés dans la recherche, l’intégration produit et l’infrastructure.
Selon Meta, ce gel n’est pas un recul mais une étape normale de « planification organisationnelle » après l’arrivée massive de nouveaux talents et la mise en place du budget annuel. L’entreprise semble vouloir prendre le temps d’absorber et de structurer ses effectifs avant de relancer une nouvelle vague de recrutements.
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Une course aux talents qui attise la concurrence
Depuis plusieurs mois, Mark Zuckerberg mène une véritable guerre des talents face à ses rivaux OpenAI, Anthropic et Google DeepMind. Pour attirer les meilleurs profils, il n’a pas hésité à offrir des packages colossaux, parfois évalués à plusieurs centaines de millions de dollars, incluant salaires, primes et stock-options. Cette stratégie agressive a permis à Meta de débaucher plus de 50 chercheurs et ingénieurs de pointe issus d’entreprises concurrentes.
Cette frénésie d’embauches inquiète cependant certains analystes financiers. Ils craignent que la montée en flèche des coûts de rémunération, particulièrement via les actions distribuées aux employés, pèse à long terme sur la rentabilité et les retours pour les actionnaires. Si l’objectif est clair — prendre l’avantage technologique dans la course à l’IA générative et aux modèles géants —, la facture pourrait s’avérer lourde pour Meta.
Stabiliser avant la prochaine offensive
Avec ce gel des embauches, Meta cherche surtout à consolider ses forces et à optimiser la répartition des ressources entre ses nouvelles équipes. Les récents recrutements ont renforcé ses compétences dans la recherche fondamentale mais aussi dans les applications concrètes de ses modèles, que l’entreprise souhaite déployer dans ses produits phares comme Instagram, Facebook ou encore ses casques de réalité mixte.
Cette pause pourrait donc permettre aux dirigeants d’évaluer l’efficacité de leur nouvelle organisation, de mieux définir les priorités de recherche et de coordonner les projets. L’enjeu est de taille : Meta ne veut pas seulement rattraper son retard sur OpenAI ou Google, mais ambitionne de devenir le leader incontesté de l’IA à grande échelle, capable d’offrir des modèles performants et sécurisés tout en les intégrant finement dans son écosystème de services.