La licorne de l’audio génératif ElevenLabs, déjà bien connue pour ses solutions avancées de synthèse vocale, vient d’annoncer le lancement de son premier modèle de génération de musique par intelligence artificielle, présenté comme utilisable à des fins commerciales.
Ce lancement marque une étape importante pour l’entreprise, qui étend ainsi son champ d’action bien au-delà de la voix synthétique.
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Une nouvelle frontière pour l’IA audio
Depuis sa création, ElevenLabs s’est imposée comme un acteur majeur de la synthèse vocale, avec des outils permettant de générer des voix réalistes, de traduire des discours, ou encore de créer des assistants vocaux intelligents. Avec cette nouvelle technologie, l’entreprise entre dans un territoire encore plus délicat : la composition musicale par IA.
Les premiers extraits partagés montrent des morceaux vocaux générés à partir de simples prompts. L’un d’eux fait entendre une voix de rap évoquant un parcours de vie inspiré des quartiers de Compton jusqu’à l’espace, une esthétique rappelant l’univers de Dr. Dre, N.W.A. ou Kendrick Lamar. Ce réalisme dérangeant soulève déjà des questions d’appropriation culturelle et de légitimité artistique, notamment lorsque des machines s’approprient des récits profondément humains.
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Un terrain miné sur le plan juridique
Le domaine de la musique générée par IA est loin d’être juridiquement stable. En 2023, les startups Suno et Udio ont été poursuivies en justice par la RIAA (Recording Industry Association of America), accusées d’avoir formé leurs modèles sur du contenu protégé par le droit d’auteur. Ces litiges rappellent que l’utilisation non autorisée de musique existante pour entraîner des IA peut entraîner de lourdes sanctions.
Pour se protéger de tels risques, ElevenLabs a annoncé des partenariats avec Merlin Network et Kobalt Music Group, deux sociétés de gestion de droits qui représentent des artistes majeurs comme Adele, Nirvana, Bon Iver ou Childish Gambino. Ces accords permettront à l’IA de s’entraîner sur du contenu licencié de manière transparente, en impliquant les artistes qui y consentent.
Une IA musicale… mais encadrée
Kobalt a précisé que l’accord repose sur le principe du choix volontaire des artistes. Ceux qui acceptent voient leur musique utilisée en échange d’un partage des revenus générés, tout en bénéficiant de protections contre les abus. Cette approche vise à rassurer l’industrie musicale et à poser les bases d’un modèle économique durable autour de la création assistée par IA.
Alors que les modèles de génération musicale se perfectionnent, la question de l’éthique et de la créativité humaine face aux algorithmes devient centrale. ElevenLabs affirme respecter les règles du jeu, mais le débat est loin d’être clos.