Le constructeur de smartphones Nothing veut surfer sur la vague de l’IA générative.
L’entreprise dirigée par Carl Pei a dévoilé Playground, un outil permettant de créer des mini-applications en utilisant uniquement des instructions textuelles. Celles-ci peuvent être déployées directement sur une plateforme maison baptisée Essential Apps, censée devenir un écosystème communautaire autour des créations générées par l’IA.
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Des widgets intelligents plutôt que de vraies applications
Pour l’instant, Playground se limite à la création de widgets interactifs. Les utilisateurs peuvent par exemple générer un suivi de vol, un résumé des prochaines réunions, ou même un animal virtuel à partir d’un simple prompt. Il est également possible de personnaliser des applications déjà présentes sur Essential Apps afin de les adapter à ses besoins spécifiques.
Les utilisateurs plus expérimentés peuvent plonger dans le code pour affiner le comportement des mini-apps. Toutefois, Nothing reconnaît que la technologie n’est pas encore suffisamment mature pour permettre la conception d’applications plein écran. Cette prudence vise à assurer stabilité et sécurité, deux points cruciaux pour favoriser l’adoption par le grand public.
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Une stratégie tournée vers un OS centré sur l’IA
Ce lancement intervient quelques semaines seulement après une levée de fonds de 200 millions de dollars menée par Tiger Global, destinée à accélérer la construction d’un système d’exploitation intégrant l’IA au cœur de ses fonctionnalités. Selon Carl Pei, le secteur mobile innove trop peu sur le plan logiciel, en suivant les standards imposés par Apple ou Google.
Avec Playground, Nothing veut démontrer qu’il est possible de rendre les systèmes plus personnels et plus contextuels, en exploitant les données et l’usage quotidien des appareils. L’entreprise a déjà lancé une première application baptisée Essential Space, permettant de partager des captures d’écran, d’enregistrer des notes vocales et d’obtenir des transcriptions de réunions. Même si ces fonctions existent déjà sur d’autres plateformes, Nothing mise sur l’intégration native et la fluidité de son expérience.
Une ambition encore fragile face aux géants du marché
Malgré l’intérêt suscité, Nothing reste un acteur marginal sur le marché mondial, avec moins de 1 % de parts de marché selon IDC. L’entreprise fait face à une concurrence féroce des géants comme Apple, Samsung, Xiaomi ou Oppo. Mais Carl Pei estime que cette taille réduite est un atout : elle permet d’expérimenter plus rapidement et de concevoir du hardware pensé pour l’IA.
Reste que le succès du « vibe coding » — la programmation simplifiée via l’IA — demeure incertain. Plusieurs tentatives similaires ont échoué, freinées par des problèmes de sécurité et de maintenance. Pei assure en être conscient et affirme vouloir garantir un haut niveau de sécurité tout en rendant l’outil accessible et ludique.
Avec Playground, Nothing tente d’imposer une nouvelle approche du développement mobile : simple, personnalisée et communautaire. Si l’initiative séduit sur le papier, son adoption dépendra de la capacité de la marque à convaincre les utilisateurs… et à tenir tête aux géants déjà bien installés.