La jeune startup Reflection AI, fondée en 2024 par deux anciens chercheurs de Google DeepMind, vient de lever 2 milliards de dollars à une valorisation impressionnante de 8 milliards.
En seulement sept mois, l’entreprise a vu sa valeur multipliée par 15, confirmant son ambition : devenir l’alternative open source américaine aux géants fermés de l’IA comme OpenAI et Anthropic, tout en rivalisant avec les laboratoires chinois comme DeepSeek.
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Des anciens de DeepMind à la tête d’une nouvelle génération d’IA ouverte
Reflection AI a été fondée par Misha Laskin, ancien responsable du reward modeling sur le projet Gemini, et Ioannis Antonoglou, co-créateur d’AlphaGo, l’IA qui a battu le champion du monde de Go en 2016. Ces deux profils d’exception veulent prouver qu’il est possible de construire des modèles d’IA de pointe en dehors des grands groupes technologiques.
L’entreprise compte aujourd’hui une soixantaine de chercheurs et ingénieurs spécialisés dans l’infrastructure, la formation de données et le développement d’algorithmes. Reflection AI prévoit de lancer en 2026 un modèle de langage de nouvelle génération, entraîné sur des dizaines de milliers de milliards de tokens, reposant sur une architecture Mixture-of-Experts (MoE), similaire à celle utilisée par les laboratoires de pointe.
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Une ambition géopolitique : défendre l’IA ouverte américaine
Pour Laskin, l’émergence de modèles chinois comme DeepSeek ou Qwen est un “signal d’alarme”. Selon lui, si les États-Unis ne développent pas rapidement leurs propres modèles ouverts, “le standard mondial de l’intelligence sera défini ailleurs”. Il estime que de nombreux gouvernements et entreprises occidentales refusent d’utiliser des modèles chinois pour des raisons légales ou de souveraineté, ce qui crée une opportunité stratégique pour Reflection AI.
Le concept d’“open intelligence” défendu par la startup repose sur un équilibre : les poids de modèles seront rendus publics, mais les ensembles de données et les pipelines d’entraînement resteront privés. Cette approche rappelle celle de Meta avec Llama ou Mistral, combinant ouverture d’usage et protection de l’expertise technique.
Un modèle économique axé sur les entreprises et les États
Reflection AI ne veut pas seulement être un laboratoire de recherche : elle vise un modèle commercial durable. Les chercheurs et développeurs indépendants pourront accéder gratuitement aux modèles, mais les revenus viendront des grandes entreprises et des gouvernements qui souhaitent construire des systèmes d’IA souverains.
Laskin explique :
“Les grandes entreprises veulent un modèle qu’elles contrôlent. Elles veulent pouvoir l’héberger, le personnaliser et l’optimiser selon leurs besoins.”
Cette approche attire déjà les investisseurs : Nvidia, Sequoia, GIC, B Capital, Lightspeed, Eric Schmidt, et même le fondateur de Zoom, Eric Yuan, figurent parmi les soutiens de ce tour de table historique.
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Avec cette levée record, Reflection AI s’impose comme l’un des laboratoires d’IA les plus prometteurs des États-Unis, et le premier à vouloir faire de l’ouverture une stratégie nationale face à la montée de l’IA chinoise.