Le gouvernement britannique souhaite attirer davantage d’entreprises d’IA en modifiant la législation sur le droit d’auteur. La réforme proposée permettrait aux développeurs d’entraîner leurs modèles sur des œuvres d’artistes disponibles en ligne sans autorisation ni compensation, sauf si ces derniers se retirent expressément du dispositif.
Cette initiative, présentée comme un levier d’innovation technologique, soulève de vives inquiétudes dans le milieu créatif, qui craint une exploitation massive et non consentie de son patrimoine.
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Contexte de la réforme
Le projet de loi vise à assouplir l’accès aux données afin de dynamiser la recherche et le développement dans le secteur de l’intelligence artificielle. En permettant l’utilisation des œuvres en ligne sans autorisation préalable, le gouvernement espère attirer des acteurs innovants vers le Royaume-Uni. Toutefois, cette dérégulation du droit d’auteur risque de fragiliser la protection des créateurs, en ouvrant la porte à une utilisation massive et non rémunérée de leurs travaux.
Réaction des artistes
Face à cette perspective, environ 1 000 musiciens se sont mobilisés en lançant un « album silencieux » intitulé Is This What We Want?. Plutôt qu’une compilation musicale classique, l’album se compose d’enregistrements de studios vides et d’espaces de performance délaissés, symbolisant le vide créatif que pourrait engendrer la nouvelle législation. Les 12 titres, dont les intitulés forment ensemble un message fort contre ce qui est perçu comme un « vol de musique » au profit des entreprises d’IA, témoignent du rejet de cette réforme par une partie importante de la communauté artistique.
Mobilisation collective et pétition
Au-delà de l’album symbolique, la mobilisation s’est étendue à une pétition lancée par Ed Newton-Rex, ancien créateur de la plateforme d’IA musicale Jukedeck. Celle-ci a déjà recueilli plus de 47 000 signatures provenant d’écrivains, d’artistes visuels, de musiciens et d’autres professionnels du secteur créatif. Pour Newton-Rex, qui a lui-même expérimenté l’utilisation de l’IA dans la musique, la réforme créerait une situation où jusqu’à 90 à 95 % des œuvres pourraient être exploitées sans contrôle, privant ainsi les créateurs de toute forme de compensation et de reconnaissance.
Enjeux pour l’avenir de la création
Cette controverse soulève des questions fondamentales sur la conciliation entre progrès technologique et protection des droits d’auteur. Comment garantir que l’innovation ne se fasse pas au détriment des artistes ? Alors que le gouvernement britannique continue de promouvoir une stratégie d’attraction des entreprises d’IA, la communauté créative insiste sur la nécessité d’instaurer des mécanismes de contrôle et des mesures d’opt-out efficaces. La situation met en lumière la difficulté d’adapter un cadre légal traditionnel aux exigences d’un monde numérique en constante évolution, où la protection de la propriété intellectuelle est plus que jamais indispensable pour préserver la diversité et la richesse culturelle.