Le réseau social décentralisé Bluesky a annoncé qu’il bloquait désormais l’accès à son service dans l’État du Mississippi.
La raison ? Une nouvelle loi, HB 1126, qui impose une vérification d’âge obligatoire pour tous les utilisateurs de plateformes sociales, sans distinction. Contrairement à d’autres régulations — comme la loi britannique Online Safety Act — qui ciblent seulement certains contenus sensibles, le texte du Mississippi oblige chaque utilisateur à prouver son âge et les mineurs de moins de 18 ans à obtenir une autorisation parentale.
Pour Bluesky, une petite équipe en plein développement, cette exigence est jugée trop coûteuse et lourde. La société explique que la mise en place de tels systèmes nécessite des investissements importants en infrastructures techniques, en protection de la vie privée et en suivi de conformité. Autant de contraintes qui, selon elle, favorisent les géants de la tech déjà solidement implantés et risquent d’étouffer les jeunes acteurs innovants du secteur.
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Des enjeux de confidentialité et de liberté d’expression
Au-delà des coûts techniques, Bluesky alerte également sur les conséquences en matière de vie privée et de liberté d’expression. La collecte et le stockage de données sensibles pour chaque utilisateur, y compris des mineurs, représentent un risque majeur de fuite ou d’exploitation abusive.
L’entreprise souligne que cette loi va au-delà de la protection de l’enfance, son objectif affiché. En exigeant un contrôle strict pour tous, elle érige des barrières qui, selon Bluesky, « limitent la liberté d’expression et nuisent disproportionnellement aux petites plateformes ». Les sanctions prévues en cas de non-conformité sont particulièrement sévères, pouvant atteindre 10 000 dollars par utilisateur.
Certains utilisateurs situés en dehors du Mississippi ont d’ailleurs déjà rencontré des problèmes d’accès, car leur trafic internet était redirigé par des serveurs de l’État. Le directeur technique de Bluesky a assuré qu’une mise à jour du système de détection de localisation était en cours pour corriger ces erreurs.
Un signal d’alarme pour les petites plateformes
La décision de Bluesky illustre un dilemme croissant pour les réseaux sociaux émergents : comment se conformer à des régulations de plus en plus strictes sans compromettre leur modèle économique ni la confidentialité de leurs utilisateurs ?
Contrairement aux mastodontes comme Meta ou Google, qui disposent de ressources colossales pour développer des outils de vérification et de modération, Bluesky insiste sur le fait que de telles obligations créent un déséquilibre structurel. Les lois de ce type renforcent la domination des grands groupes et rendent plus difficile l’émergence d’alternatives décentralisées.
En choisissant de bloquer l’accès plutôt que de se conformer, Bluesky envoie un message clair : protéger ses utilisateurs et préserver son identité prime sur une expansion forcée. Mais cette décision pourrait aussi limiter son attractivité face à des concurrents plus robustes, capables d’absorber ces contraintes.
