La maison-mère de Snapchat traverse une période charnière.
Dans sa lettre annuelle aux employés et aux investisseurs, le PDG Evan Spiegel a annoncé une réorganisation en profondeur : l’entreprise sera désormais structurée autour de petites équipes appelées « startup squads », composées de 10 à 15 personnes chacune. Cette transformation vise à insuffler plus d’agilité et d’innovation dans un contexte où la concurrence des géants de la tech se fait de plus en plus écrasante.
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Des revenus publicitaires à la peine et un marché américain en recul
Avec environ 5 000 employés, Snap fait face à une réalité difficile : la croissance de ses revenus publicitaires a plafonné à 4 % au deuxième trimestre, un ralentissement inquiétant pour une entreprise qui dépend encore largement de ce modèle économique. Plus préoccupant encore, le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens en Amérique du Nord a reculé de 2 %, pour atteindre 98 millions. Ce marché, historiquement le plus lucratif pour Snap, montre des signes de désaffection qui pèsent lourdement sur les perspectives de l’entreprise.
Spiegel reconnaît que la valorisation actuelle de Snap, environ 12 milliards de dollars, reflète le scepticisme des marchés. À titre de comparaison, l’entreprise valait près de 116 milliards en septembre 2021, à l’apogée de la frénésie autour des réseaux sociaux.
L’essor de Snapchat+ : une source de revenus en pleine croissance
Malgré ces difficultés, un point positif ressort : le succès de Snapchat+, l’offre d’abonnement premium. Avec plus de 15 millions d’abonnés payants et un revenu annuel récurrent supérieur à 700 millions de dollars, ce service est désormais considéré comme l’une des opportunités de croissance les plus rapides de Snap.
Cette diversification vers des revenus directs, indépendants de la publicité, constitue un levier stratégique majeur. Elle permet à Snap de fidéliser une partie de sa communauté tout en explorant de nouvelles fonctionnalités exclusives qui pourraient accroître encore la monétisation.
Miser sur la réalité augmentée et les lunettes connectées
Au-delà de la réorganisation interne et des abonnements, Evan Spiegel mise sur une vision à long terme : la réalité augmentée. Snap continue de développer ses propres lunettes connectées, baptisées Specs, que le dirigeant présente comme une révolution comparable à l’arrivée du smartphone. Pour lui, il s’agit d’une « transformation générationnelle vers une informatique centrée sur l’humain ».
Sur ce terrain, Snap n’est pas seul : Meta s’est associé à Ray-Ban, tandis que Google collabore avec Warby Parker. La bataille des lunettes AR pourrait bien déterminer quel acteur dominera la prochaine grande vague technologique.
En choisissant de se restructurer en petites équipes agiles et en diversifiant ses sources de revenus grâce à Snapchat+, Snap tente de renouer avec son esprit entrepreneurial des débuts. Mais entre la stagnation des revenus publicitaires, la perte d’utilisateurs en Amérique du Nord et une valorisation boursière divisée par dix en quatre ans, le chemin reste semé d’embûches.
