Pat Gelsinger, ancien PDG d’Intel et fondateur de la startup Gloo, a récemment annoncé qu’il adoptait DeepSeek R1 au lieu d’OpenAI pour ses services d’IA.
Gloo, une plateforme de messagerie et d’engagement destinée aux églises, développe actuellement un chatbot appelé Kallm. Selon Gelsinger, ses ingénieurs utilisent déjà R1, et la startup prévoit de reconstruire Kallm avec son propre modèle open source d’ici deux semaines.
Cette décision s’appuie sur trois principes chers à Gelsinger : des coûts plus bas favorisent une adoption massive, les contraintes stimulent l’innovation et l’open source est l’avenir. Il critique ainsi les modèles fermés d’OpenAI et d’Anthropic, affirmant que DeepSeek contribuera à rendre l’IA plus accessible et performante.
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DeepSeek : une révolution dans l’entraînement des modèles d’IA
DeepSeek R1 a fait sensation en surpassant des modèles de raisonnement avancés tout en étant beaucoup moins coûteux à entraîner. L’entreprise a utilisé environ 2 000 GPU H800 de Nvidia pendant seulement deux mois, avec un budget de 5,5 millions de dollars. À titre de comparaison, d’autres laboratoires investissent des milliards dans des puces AI plus puissantes pour entraîner leurs modèles.
Le succès de DeepSeek a provoqué une réaction immédiate dans l’industrie technologique. Nvidia a subi une baisse en bourse, et l’application grand public de DeepSeek est rapidement montée en tête des téléchargements. Cette avancée remet en question la course aux modèles toujours plus coûteux et prouve que l’optimisation logicielle peut rivaliser avec la puissance brute des infrastructures actuelles.
Une controverse sur les chiffres et les implications géopolitiques
Malgré l’enthousiasme de Gelsinger, certains experts doutent des affirmations de DeepSeek. Certains suggèrent que les coûts réels de formation de R1 pourraient être plus élevés qu’annoncés, ou que l’entreprise chinoise a utilisé des puces plus avancées, contournant ainsi les restrictions d’exportation américaines. D’autres estiment que la prochaine génération de modèles d’OpenAI, comme o3, pourrait écraser R1 et rétablir la domination des acteurs occidentaux.
Gelsinger, lui, balaie ces critiques. Il souligne que l’innovation en IA ne repose pas uniquement sur la puissance matérielle, mais aussi sur la créativité en ingénierie. Il insiste sur le fait que R1 coûte jusqu’à 50 fois moins cher à entraîner que certains modèles concurrents et qu’il représente un tournant pour l’IA open source.
Une remise en question du leadership occidental en IA
Un autre aspect de cette affaire est le rôle de la Chine dans le développement des modèles open source. Gelsinger ne cache pas son étonnement de voir une entreprise chinoise défendre l’ouverture dans un domaine où les acteurs américains privilégient de plus en plus le secret et la propriété privée.
Alors que les craintes liées à la confidentialité et à la censure persistent, DeepSeek pourrait bien forcer OpenAI et ses rivaux à revoir leur stratégie. En rendant l’IA plus abordable et accessible, DeepSeek ne se contente pas de bousculer Nvidia et OpenAI : il pose aussi la question du futur modèle économique de l’IA.