La startup Anthropic, souvent présentée comme un acteur indépendant dans la course à l’intelligence artificielle, se retrouve au centre d’un débat sur son autonomie financière.
Des documents judiciaires récents révélés par The New York Times montrent que Google possède 14 % du capital d’Anthropic et prévoit d’y injecter 750 millions de dollars supplémentaires en 2025 via un accord de dette convertible. Au total, le financement de Google dans la startup excède désormais 3 milliards de dollars.
Lire aussi :
- Bluesky veut offrir aux utilisateurs un vrai contrôle sur leurs données : un cadre efficace contre l’exploitation par l’IA ?
- OpenAI frappe fort : un investissement de 12 milliards dans CoreWeave pour contrer Microsoft
Une relation sous surveillance
Bien que Google n’ait aucun droit de vote ni de siège au conseil d’administration, cet investissement massif soulève des interrogations sur l’autonomie réelle d’Anthropic. En effet, les startups spécialisées dans l’IA, confrontées à des coûts de développement élevés, doivent souvent se tourner vers des géants technologiques pour obtenir des financements.
Cette dépendance a attiré l’attention des régulateurs. Le département de la Justice américain avait envisagé une réglementation obligeant la revente de certaines parts d’entreprises tech dans des startups IA, mais a finalement renoncé à cette idée. Cela laisse un flou juridique qui pourrait favoriser des consolidations stratégiques entre grands groupes et startups prometteuses.
Amazon entre aussi dans la course
Google n’est pas le seul acteur à vouloir garder un pied dans le développement de l’IA via Anthropic. Amazon a annoncé un investissement pouvant atteindre 8 milliards de dollars dans la startup. Cette double implication de Google et d’Amazon alimente les discussions sur l’avenir des jeunes entreprises du secteur de l’IA :
- Peuvent-elles vraiment rester indépendantes lorsqu’elles sont financées par les plus grands acteurs du marché ?
- Ces investissements ne faussent-ils pas la compétition en créant une forme de monopole indirect ?
Avec de tels financements, certaines startups risquent de perdre leur liberté stratégique, se transformant peu à peu en extensions de leurs investisseurs plutôt qu’en acteurs autonomes de l’innovation.
Une stratégie gagnante pour Google ?
En investissant massivement dans Anthropic, Google semble vouloir diversifier ses options et ne pas dépendre uniquement de ses propres développements IA. Cette approche permet à l’entreprise de maintenir une position forte, même si une autre technologie émerge en dehors de ses laboratoires.
De plus, ce type de partenariat offre à Google un accès préférentiel aux avancées d’Anthropic, sans pour autant en assumer les coûts complets ni les risques associés au développement. En d’autres termes, c’est une stratégie qui pourrait s’avérer payante sur le long terme si Anthropic développe des technologies concurrentielles face à celles d’OpenAI ou d’autres acteurs majeurs.
Google enrichit son application Gemini sur iOS en y intégrant des widgets d’écran de verrouillage
En fin de compte, l’indépendance d’Anthropic reste un sujet de débat. Est-elle encore une startup indépendante ou devient-elle progressivement un outil de Google et Amazon dans la course à l’intelligence artificielle ?