En mai dernier, OpenAI avait annoncé le développement d’un outil permettant aux créateurs de spécifier comment leurs œuvres pouvaient être incluses ou exclues des données d’entraînement de ses modèles d’IA.
Baptisé Media Manager, cet outil visait à réduire les critiques liées à la propriété intellectuelle et à protéger OpenAI des poursuites légales. Pourtant, sept mois plus tard, cet outil reste introuvable.
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Une priorité négligée
Malgré l’importance apparente du projet, des sources internes et externes déclarent que Media Manager n’a jamais été considéré comme une priorité au sein d’OpenAI. « Je ne pense pas que c’était une priorité », confie un ancien employé de l’entreprise. En décembre, un collaborateur externe a affirmé qu’aucune mise à jour sur cet outil n’avait été communiquée récemment. De plus, Fred von Lohmann, membre de l’équipe juridique d’OpenAI chargé de Media Manager, a réduit son implication à un rôle de consultant à temps partiel depuis octobre.
En août, OpenAI avait déclaré que l’outil était toujours en cours de développement, mais aucune information concrète sur son avancement ou ses fonctionnalités n’a été partagée depuis.
Un besoin urgent pour les créateurs
Les modèles d’IA comme ceux d’OpenAI s’entraînent en analysant des volumes massifs de données, souvent issues d’œuvres créatives accessibles en ligne. Cette pratique suscite des inquiétudes croissantes chez les créateurs, car ces œuvres sont parfois utilisées sans consentement explicite. Les artistes, écrivains et autres professionnels se plaignent de voir leurs travaux réutilisés ou même reproduits sous forme transformée par les modèles d’IA.
OpenAI a proposé des solutions provisoires, comme un formulaire de demande de suppression ou la possibilité de bloquer ses robots d’extraction de données. Toutefois, ces méthodes sont jugées insuffisantes et fastidieuses. Media Manager était censé répondre à ces lacunes en offrant un système plus complet et intuitif pour que les créateurs puissent gérer leurs droits.
Des enjeux légaux et éthiques
En l’absence de Media Manager, OpenAI est confronté à plusieurs recours collectifs intentés par des créateurs qui allèguent une utilisation illégale de leurs œuvres. Bien que l’entreprise continue de plaider la protection du « fair use » et d’utiliser des filtres pour éviter que ses modèles ne reproduisent directement des contenus protégés, ces efforts ne suffisent pas à calmer les critiques.
Les experts juridiques s’interrogent également sur l’efficacité réelle de Media Manager. Certains craignent que l’outil transfère injustement la responsabilité de la protection des droits d’auteur aux créateurs eux-mêmes. D’autres doutent qu’OpenAI puisse techniquement gérer un système aussi complexe que celui prévu pour Media Manager.
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En attendant, le retard de cet outil soulève des questions sur l’engagement d’OpenAI envers la transparence et le respect des droits des créateurs. L’évolution de Media Manager pourrait bien devenir un test décisif pour la crédibilité et la viabilité à long terme de l’entreprise dans l’écosystème de l’IA.